Bien qu’aujourd’hui ce ne soit qu’un ermitage, dans le passé c’était une paroisse. Elle fut construite au XIIe siècle, suivant le modèle très répandu à l’époque, qui se caractérise par sa simplicité et l’économie des moyens utilisés: à la forme rectangulaire, au chevet droit et couvert de bois à double versants sur des arcs en ogive.
À l’époque romaine et suivant une tradition bien plus ancienne, les églises se peignaient dans un but didactique et de divulgation:raconter en images, pour ceux qui ne savaient pas lire, l’Histoire Sainte.
Cette tradition de décorer l’intérieur des temples de peintures murales devait se poursuivre tout au long du XIIIe siècle, mais les formes allaient changer, donnant lieu à ce que nous connaissons comme peinture gothique précoce (car ce sont les premières manifestations de ce nouveau style), franco gothique (puisque son origine vient de France) ou gothique linéaire (car la ligne prédomine sur la couleur).
Le nouveau style se répand et arrive dans le Somontano au travers de l’art mobilier, qui est facile à transporter, et principalement, au travers de la miniature. Les livres illustrés, facile à transporter car légers, étaient l’objet d’échanges entre les chanoines des grandes cathédrales et entre les moines des monastères, dans lesquels il y a avait presque toujours un atelier de miniatures et de copistes, dédiés à reproduire et embellir les textes sacrés. Avec l’arrivée à Huesca de quelques uns de ces livres illustrés provenant de France, on créa autour de la cathédrale un atelier de miniatures. Il était fréquent que ces artistes aient plus d’une activité: la miniature et la peinture murale, c‘est dans cet atelier que se trouvent les origines de ces ensembles de peintures murales du Somontano et de la Hoya de Huesca: Liesa et Ibieca.
Cette peinture présente une série de caractéristiques stylistiques qui la rendent unique.
Elle présente des couleurs vives et brillantes qui sont utilisées principalement dans la confection de vitraux: le blanc, le rouge et le bleu.
Une autre similitude avec l’art des vitraux est le fait que la ligne prédomine sur la couleur, donnant lieu à des figures stylisées au port élégant entourées de lignes qui marquent une cadence sinueuse.
Un trait qui suppose une avancée par rapport à la peinture romane est le fait que les figures composent des scènes et se situent dans le temps et dans l’espace: Ce ne sont plus uniquement des figures hiératiques, inexpressives, isolées et atemporelles, comme elles l’étaient pour l’artiste roman, mais elles composent des scènes, elles sont liées les une aux autres , et elles échangent des gestes et, par le biais du paysage de fond ou de l’architecture, elles se situent à une époque et dans un espace déterminé.
Ces scènes ne sont pas placées au hasard, mais elles sont classées en registres et en vignettes. C’est au travers de ces vignettes que l’on peut retrouver l’origine de la première peinture gothique dans la miniature.
Aujourd’hui, on ne peut contempler à Bierge qu’une partie du cycle de peintures qui décorent l’église, car en 1949 elles furent arrachées, vendues et reparties entre plusieurs musées et collections privées du monde entier (Musée National de l’Art de la Catalogne, Musée des Beaux Arts de Toronto, Art Gallery d’ Ontario, Metropolintan Museum de New York, Joslyn Art Museum d’Omaha-Nebraska, Musée de Huston-Texas).
2 maîtres participèrent à leur création, ils travaillèrent sur 2 périodes successives, ils sont connus comme le premier et le second maître de Bierge, pour faire référence à leur chronologie et à leur style.