Les frères Abbad et Lasierra, Manuel et Agustín Íñigo, sont les membres les plus honorifiques d’une famille de petits nobles établis à Estadilla depuis le XVIIe siècle. Ce sont les auteurs d’un remarquable héritage historique, géographique et documentaire, ils font aussi partis des personnages les plus remarquables du siècle des lumières en Aragon.
Agustín Íñigo eût à sa charge des fonctions importantes qui le firent voyager au travers de l’Espagne et en Amérique. Il fut chargé de l’Épiscopat de Barbastro de 1790 jusqu’à sa mort en 1813. Les réformes qu’il mena pendant cette période dans la Cathédrale de Barbastro font foi de son esprit éclairé: en 1792 il entreprit la construction d’un cimetière souterrain et l’année suivante il termina le nouveau revêtement du sol de l’église.
Fils d’une époque pendant laquelle la critique néoclassique disqualifia l’art de l’époque précédente, il proposa au chapitre de la cathédrale de “retirer le choeur pour que l’église soit plus dégagée et plus jolie, et de cette façon remettre à l’état d’origine les arcs des chapelles, pour qu’ils correspondent au style d’architecture auquel ils appartiennent en enlevant les décorations et les ajouts qui font que la forme des arcs soient différente de ce qu’elle devrait être”[1].
Heureusement “[···] puisque les travaux auraient un coût de beaucoup supérieur à la fortune provenant des dons [···]”[2] la destruction des magnifiques portes baroques des chapelles de la Cathédrale de Barbastro, n’eut pas lieue.
La façade du palais classiciste qu’il fit construire en 1803 à Estadilla par le maître français Beltrán Salas[3], montre l’esprit de l’époque, marqué par la rationalité, l’ordre et la proportion, l’équilibre , l’austérité , le ton solennel, l’harmonie des formes et des volumes, l’achromatisme et l’inspiration des modèles classiques.
La façade, où l’on devine la hiérarchie de l’espace intérieur, possède trois corps articulés verticalement par des pilastres adossés.
De grandes fenêtres s’ouvrent au rez-de-chaussée, au dessus du soubassement, elles sont protégées de grilles. Sur le corps central se trouve la porte principale, en arc déprimé et à la sobre élégance classiciste.
L’étage principal, possède de grands balcons sans avancées, encadrés par des moulures et courbés au dessus. Le grand balcon principal en arc de plein cintre s’ouvre sur le corps central, endroit privilégié.
L’étage supérieur est plus petit, il ne possède que des fenêtres couronnées par des frontons triangulaires et la suite de pilastres adossés y est sensiblement plus petite. Sa faible plasticité met en relief l’importance secondaire de cet endroit du bâtiment.
