Patrimonio Hidráulico
Pont de Fuendebaños. Alquézar

Avec ses nombreuses rivières et ses villages éparpillés en petits noyaux, le Somontano a été traversé par une multitude de chemins qui servaient à éviter des endroits dangereux et des défilés. Mais bien que les rivières faisaient obstacles à la communication, la construction de ponts en pierre n’était pas courante dans le passé. Quand on ne pouvait pas compter sur eux, les alternatives étaient des structures en bois ou de simples troncs sur la rivière.
Les ponts en pierre étaient un luxe qui demandait de grands investissements. Seuls les rois, les riches et les gens au pouvoir pouvaient en assumer les frais de construction. De plus, la présence d’un maître d’oeuvre spécialiste des ponts était nécessaire. C’est pour cela, que leur construction n’avait lieu que sur les cours dangereux, sur les rivières à fort débit et aux endroits à forte dénivellation.
Aux alentours d’Alquézar il y eu au moins 3 ponts, celui de Fuendebaños, celui de la Albarda et celui de Villacantal, ce qui souligne son importance en tant que croisée des chemins.
Le nom de Fuendebaños se réfère à la source qui se trouve en aval. L’eau de la source sort à une température constante, elle semble donc être chaude en hiver. C’est pour cela que dans certains documents médiévaux elle est appelée Fontes Caldas. “Elle a des particules de souffre, de fer et de nitrate et elle contribue efficacement à guérir des maladies (···) à la demande de certains médecins on l’extrait (···) pour les malades de la ville et des alentours”
P. Madoz Dictionnaire géographique statistique. 1846
Ce pont est aussi connu sous le nom de Pont d’Asque, parce que le chemin de la rive gauche passe par ce village pour aller jusqu’à Colungo et Naval.
La présence d’un pont à cet endroit est directement lié à celle du moulin voisin, en effet l’accès au moulin avec les montures chargées de céréales demandait un minimum de sécurité quand les rivières étaient en crue... et les crues du Vero sont soudaines et incontrôlées.
Il est formé de 3 arcs en plein cintre, celui au centre est le plus grand; celui de gauche est le plus petit et il sert de déversoir. Il possède 2 avant-becs échelonnés pour minimiser les montées de la rivière et son tablier est à deux pans. Dans sa structure, qui date de différentes époques du aux constantes réparations, on peut voir aujourd’hui les traces des échafauds en bois utilisés dans la construction.
Fontaine du Canyon. Alquézar

C’est de la rue de l’église que part le sentier qui descend dans le large Canyon de la Fuente jusqu’à la rivière. Il doit son nom à la belle fontaine de la renaissance qui fut construite au XVIe siècle et d’où on a une impressionnante vue sur la falaise rocheuse sur laquelle est érigée la Collégiale.
La fontaine publique, qui se trouve presque toujours en dehors du village, était l’un des éléments urbains qui recevait le plus d’attention de la part des Conseillers municipaux. Sa construction était une entreprise prioritaire une fois tous les besoins basiques couverts et elle était même prioritaire sur la Maison du Conseiller. Elle était quelquefois l’oeuvre de maîtres, ou de véritables sculpteurs, et d’autres fois, comme c’est le cas ici, d’un maître carrier qui connaissait sans aucun doute les goûts classicistes du moment.
Bien que sa composition soit assez simple, la fontaine d’Alquézar est plus monumentale que la plupart de celle qui furent construites dans le Somontano à cette époque, elle les dépasse aussi bien par sa conception, que par la finition.
L’écusson municipal qui la décore nous raconte, non seulement qui l’a financée mais aussi quand.
Sur l’une des pierres de taille il y a une croix gravée. Il est très fréquent de trouver des signes au caractère protecteur sur tous les types de puits, fontaines ou sources.
Canal d´irrigation, barrage, moulin et centrale. Alquézar
Le cours du Vero est souterrain sur un long tronçon puis il refait surface à Lecina. À partir de là, il s´ouvre chemin au travers de canyons spectaculaires et de gorges étroites.
Les peintures rupestres proches de Lecina et Alquézar sont les témoins de la lointaine activité qui eut lieu dans les environs à l´époque préhistorique.
À l´époque islamique le Vero servait de voie naturelle de communication entre Al-Qsar (Alquézar, la forteresse) et la ville musulmane de Barbastro, capitale du district de la Barbitanya. Plus tard, la rivière deviendra le passage naturel permettant la pénétration des troupes aragonaises lors de leur avancée depuis le Sobrarbe vers la conquête de la plaine.
Malgré l´étroitesse de son cours lors de son passage à Alquézar, ses eaux furent utilisés au maximum et les moulins, les ‘’azudes’’(barrages) et les ponts qui y sont conservés, sont le témoin de l´intense activité qui s´y déroulait dans un passé récent.
Un barrage est une barrière qui élève le niveau de l´eau pour la dévier vers un canal d´irrigation et l´utiliser comme force hydraulique ou pour l´irrigation. Celui d´Alquézar trouve son origine à l´époque médiévale, et l´eau qu´il retenait était déviée par un canal vers un vieux moulin, aujourd´hui disparu. Vers 1909 le barrage fut agrandit par des travaux en ciment et on construisit le canal d´irrigation que l´on peut voir aujourd´hui, et qui emmène l´eau vers les turbines d´une mini centrale hydroélectrique qui fut installée à la place d´un ancien moulin.
Au fur et à mesure que l´on descend la rivière, les parois calcaires effilées font place aux conglomérats arrondis. Sous ces falaises se trouve un autre ‘’azud’’ ou barrage, qui à l´origine devait servir à activer les bras d´un foulon très ancien.
Le foulon est une machine destinée à transformer des tissus légers en tissus plus épais. La force de l´eau meut une roue qui active les maillets qui serviront ensuite à frapper les tissus jusqu´à les rendre compacts. Selon les sources écrites le batteur d´Alquezar date de 1190. Cette activité préindustrielle naissante, c´est en effet au XIIe siècle que commencent à apparaître ces machines, démontre la prospérité dont jouit la cité d´Alquézar à l´époque médiévale.
Plus tard, entre les XIVe et XVe siècle l´"azud’’ fut placé au service du moulin à farine situé environ 200 m. plus bas.
L´eau conduite depuis l´azud par un canal était stockée dans le bassin. De cette manière le meunier était sur de pouvoir moudre sans être dépendent du cours variable de la rivière. L´eau était engloutie voracement par le moulin au travers des coursiers, elle faisait fonctionner la meule et ressortait par les canaux de fuite. Ces cavités sont les seuls éléments architecturaux qui permettent de distinguer le moulin d´une maison de campagne.
Pont du Diable. Asque

Ce pont, dont les fondations s’enfoncent de chaque côté du canyon du Fornocal, fut construit pour relier les villages d’Asque et de Colungo. Son emplacement spectaculaire nous fait penser au risque et à la difficulté que supposait sa construction, et c’est pour cela, que des légendes en attribuent la construction au diable même. D’autres au contraire, racontent que son nom "Pont du Diable" fait référence au fait qu’e celui-ci vint probablement se promener par ici juste à la fin de la construction du pont, laissant ainsi sa trace dans le mortier encore frais. Cette trace ne correspondant ni à un chien, ni à un sanglier, ni à un cerf... Ce devait être celle du diable... Mais était-il parti de Colungo en direction d’Asque ou d’Asque en direction de Colungo?
Il s’agit, certainement, d’une oeuvre d’origine médiévale. Le tablier est plat, de presque 3 mètres de large, et il s’appui sur un arc ogival élevé de petits voussoirs de bonne facture. Le reste de l’œuvre a été maçonnée. L’arc brisé a été ajouté, en effet à l’intérieur de celui-ci se trouvent les restes d’un autre arc, en plein cintre, plus ancien.
L’inhabituelle distance du garde-corps par rapport à l’arc s’explique par le fait que les parements furent relevés à plusieurs reprises.
Sur les murs de conglomérats calcaires du canyon on peut voir au printemps les spectaculaires tiges fleuries de jusqu’à 60 cm. de la saxifrage des Pyrénées Saxifraga longifolia, qui peut contenir jusqu’à 500 fleurs. La rosette, à la base de laquelle pousse la tige, meurt après sa floraison.