La Colégiale de Santa María la Mayor se trouve dans la partie haute du village. Son emplacement pourrait nous raconter toute l’histoire d’Abiego: d’ancienne mosquée et château arabe, pour être ensuite église et forteresse chrétienne lors de la reconquête de 1095. La tour avait une fonction défensive durant les siècles de l’époque médiévale. Au XVIe siècle, l’actuelle construction dirigée par Joan Torón, remplaça le temple roman. Joan Torón grand connaisseur de la pierre et de l’art de l’architecture, apposa sa signature sur la porte de la sacristie. Il travailla aussi au commande de différentes œuvres parmi lesquelles se trouvent certaines des églises les plus monumentales du Somontano et aussi du Sobrarbe... (Naval, Olsón, Colungo ...)
Celle d’Abiego est l’une des constructions du gothique rural tardif les plus belles et harmonieuses et c’est la seule parmi ses contemporaines dans le Somontano qui ait un intérieur en forme de croix latine. Selon le symbolisme médiéval la forme de l’église imite la forme du corps crucifié du Christ: l’abside correspond à la tête, la nef au corps et la croisée du transept aux bras ouverts.
Sa beauté réside dans l’harmonie des proportions. Selon certains traités d’architecture de l’époque le meilleur ornement et celui qui est essentiel est la bonne proportion de toutes les parties: À Abiego la croisée du transept fait 2 fois la hauteur et 3 fois la largeur de la nef.
Ce temple montre la survivance tardive du gothique cohabitant avec des éléments décoratifs qui inondèrent le temple suivant les nouvelles tendances de la renaissance.
Les églises du XVIe siècle furent recouvertes de voûtes en croisée d’ogive gothiques élastiques et résistantes. Bien que normalement dans le Somontano les nervures soient en briques et en plâtre, à Abiego elles furent construites en pierre.
À l’extérieur la décoration de style renaissance formée de grotesques et de mascarons s’étend sur la façade. On recherche un effet volontaire de contraste entre la richesse des zones ornementales et la nudité du reste des murs.
À l’intérieur les colonnes supports sont aussi d’inspiration classique.
Dans les pierres de taille des murs extérieurs du temple, on peut découvrir des signes lapidaires et les marques des tailleurs de pierre.
Beaucoup de tailleurs de pierres, comme moyen d’identification, avaient une marque qui servait à montrer le travail réalisé, utile pour les comptabiliser et pour en signalé l’auteur: pièce taillée et marquée, pièce pour laquelle on était payé.
Les églises chrétiennes sont par tradition orientées à l’Est, point de l’horizon où se lève le soleil, lieu où se trouve le paradis, et la Terre Sainte et par où viendra le Christ le jour du Jugement Final.
Le 15 août (fête de la Vierge), à 9 heures du matin un rayon de soleil pénètre par l’abside. Entre 20 heures et 20 heures 30 du même jour, la lumière qui entre par l’oculus de l’arrière illumine l’autel.
Le rythme de l’orientation établie une relation entre l’ordre cosmique et l’ordre terrestre, entre l’ordre divin et l’ordre humain...