Le monument au XXe siècle, oeuvre de Ulrich Rükriem, se trouve au kilomètre 8 sur la route d’Abiego à Peraltilla, dans un champ voisin au chemin de transhumance.
Créer une grande collection d’art contemporain dans un paysage ouvert, sans le conteneur habituel d’un musée, d’un espace fermé ou privé. Voilà le projet Art et Nature, dans lequel s’inscrit se monument.
Patronné par le département de Culture de la Députation Provinciale de Huesca, le Gouvernement d’Aragon et la Caixa, et plusieurs artistes du plus haut Panorama artistique international qui y ont participé en immergeant leurs sculptures dans le paysage aragonais.
L’oeuvre a pour fond et référent la montagne, les arbres et le village. Elle recherche un dialogue, une intégration avec l’espace environnant. La sculpture n’est pas seulement composée de monolithes, mais aussi par l’ensemble formé par le paysage avec lequel interfère la construction humaine: Nature et Art se prennent par la main.
Ulrich Rückriem, de formation autodidacte, apprit le métier de tailleur de pierre en travaillant dans un atelier de restauration de la cathédrale de Cologne, où il se découvrit une passion pour la pierre et les grandes dimensions. Plus tard il sera professeur à l’Académie des Meaux Arts de Hambourg, Düsseldorf et Frankfurt.
De l’avant-garde des années 60 il se découvrit le goût pour la facture géométrique, la force de l’expression du matériel et la simplicité dans l’exécution.
Dans les années 70 son intérêt se développa pour le Land Art, un courant artistique dont les créations utilisent le paysage comme support, scène ou matière première de l’oeuvre. Le principe fondamental du Land Art est d’altérer, avec un sens artistique, la superficie de la Terre. C’est pourquoi beaucoup de ces œuvres ont des proportions monumentales et la majorité se trouve dans des endroits isolés, loin du regard du spectateur: sur les rives d’un lac, dans un paysage rocheux escarpé, sur une île ou comme ici, dans un champs au pieds des montagnes.
Les pierres conservent leur superficie d’origine et elles ont été découpées selon des dimensions précises (3,5 x 1 x 1 m.) Ensuite elles ont été fractionnées horizontalement en trois morceaux et placées à nouveau dans leur position d’origine, s’enfonçant dans la terre jusqu’à la première fissure horizontale. La technique consiste basiquement à extraire un bloc de pierre brut, à le diviser et à le recomposer, pour lors du procédé, le faire sien. Cette lisibilité de la sculpture est l’une des constantes de l’oeuvre de Rückriem: on peut toujours voir ce qui est arrivé à la pierre.
Beaucoup de sculpture à grande échelle dominent l’observateur et le font se sentir petit, mais dans l’oeuvre de Rückriem on peut voir comment elles ont été construites. La capacité à lire le procédé dans la pierre a un effet apaisant.
Les 20 pierres verticales ou stèles forment une composition géométrique. À distance, le résultat est une oeuvre de grande opacité puisque l’alternance des blocs produits la sensation d’un mur continue, mais de l’intérieur, on découvre une forme habitable, pénétrable, un espace accueillant.
Sa forme géométrique mystérieuse nous rappelle les sites sacrés d’un lointain passé, les monolithes ou les menhirs préhistoriques à ciel ouvert et de cette manière la sculpture acquière un sens mystique.