Son immensité sauvage et admirable ne réside pas dans les cimes de ses sommets, mais dans ses spectaculaires et profonds canyons sculptés par les rivières, la pluie et l’air.Les pics et les collines de Guara (1870 m dans la Cabeza de Guara) sont extrêmement arrondis en raison de l’érosion occasionnée par les vents puissants et la glace, qui ont arraché aux crêtes des milliers de fragments de pierres formant de vastes graviers ou canchales (endroits rocailleux).
Les sommets dans les hauteurs de la vallée de Rodellar reçoivent d’importantes quantités d’eau de pluie (1000 mm par an) qui est rapidement filtrée vers le sous-sol, donnant lieu à de véritables rivières souterraines (phénomène karstique). Elles resurgissent parfois sous forme de résurgences (comme celles de Mascún, la Tamara ou El Puntillo) dans le lit de ces mêmes rivières qui les alimentent.
Lorsque les pluies sont intenses, l’eau filtrée dans les entrailles des montagnes est expulsée à travers des passages et des crevasses ouvertes dans les versants, appelées ici solencios, et qui deviennent de véritables rivières ou torrents (Solencios de Pedruel ou de Morrano).
Pour poursuivre leur cours, ces rivières devaient se frayer un passage à travers les fentes du terrain calcaire, dans un processus de dissolution de la roche par l’action de l’eau froide qui durera des millions d’années et qui donnera lieu à de profonds ravins, gorges ou foces. L’eau perce la roche et la polit, créant des couloirs et des toboggans, et l’entrechoquement des galets donne naissance à des marmites, des badinas (mares), et de magnifiques piscines naturelles.
De grands éboulis de roches créent dans le lit du canyon des labyrinthes ou des chaos dans lesquels l’eau cherche sa sortie en formant des siphons.
En raison de leur aspect spectaculaire et de leur beauté, Gorgas Negras, Mascún, Estrechos de Los Fornazos, Oscuros de Balced, le canyon de Fornocal et les canyons du Vero font déjà figure de noms mythiques dans la longue liste de canyons qui font de ce Parc un véritable paradis pour les passionnés d’aventure.
La traversée des roches calcaires à la sortie des ravins, entraîne la formation d’impressionnantes parois verticales, de crêtes pointues (Ciudadela de Mascún) et d’aiguilles acérées (Cuca de Bellosta à Mascún), de cavités ouvertes dans les rochers escarpés (parois du Vero) et même des cavités que l’érosion différentielle a ouvertes dans les strates horizontales les plus faibles des crêtes, appelées ici foraus ou portales (Portal de la Cunarda dans le Fornocal ou Ventana de Mascún).
Nous y trouvons également une multitude de «palomeras» – nom donné aux ravins de cette région, en raison de la fréquente nidification des pigeons (palomas) dans leurs cavités et leurs refuges.
Les rivières s’ouvrent ensuite sur la vallée entre de grandes masses sédimentaires de conglomérats aux couleurs rougeâtres, qui offrent au paysage un répertoire impressionnant de monolithes et de parois verticales. Ces véritables tours de guet veillent en silence sur le royaume géologique de Guara. L’une des plus spectaculaires est le Huevo de Morrano.
L’abondance de fossiles constitue l’un des autres attraits de ces montagnes. Durant le mésozoïque, une partie de ce territoire est restée en dessous du niveau d’une mer chaude où abondaient de nombreuses espèces animales: nous pouvons facilement y trouver des bivalves, des oursins ou des étoiles de mer fossilisés. Les nummulites, des fossiles plats et arrondis qui évoquent de petites monnaies, abondent dans le parage connu sous le nom de Mallata de los Dineretes. Il convient de rappeler que les fossiles sont protégés par la Loi du Patrimoine Aragonais et que leur extraction est interdite.