Le temple de  Nuestra Señora del Pilar, n’a qu’une nef au chevet polygonal à cinq pans, structure qui se devine parfaitement de l’extérieur, ainsi que celle des deux chapelles, de petite taille, ouvertes sur la deuxième section de la nef.

Une  tour massive entièrement construite en pierres, est adossée sur le mur ouest du temple. Le clocher se termine par un chapiteau et un parapet, le tout de construction récente.

Le temple fut construit en pierres de taille découpées dans la pierre sablonneuse. On y trouve de nombreuses marques de maîtres carriers de différents types.

Les contreforts se prolongent jusqu’à l’auvent, avec des petits pilastres doriques sur lesquels  se trouve la corniche en pierre qui parcourt tout le périmètre du temple. Les deux pilastres adossés au mur sud, sont décorés exceptionnellement de moulures et on y trouve des inscriptions épigraphiques qui se réfèrent à sa construction. “IVAN TORON ME FECIT”, indique l’auteur de l’oeuvre; l’autre dit “(···) DE IVAN TELLET”.

La porte d’entrée, d’inspiration classique, s’ouvre sur le mur sud. L’ouverture en plein cintre (rabaissé à l’intérieur), est soutenue par des pilastres sur podium, décorés sur le devant de chérubins au relief diffus à cause de l’usure du matériel sablonneux. Sur la partie interne de la jambe la décoration se complète de cornes d’abondance et d’oiseaux. L’intrados de l’arc héberge une décoration de caissons aux motifs floraux. La couronne est décorée de moulures. Les écoinçons possèdent des consoles et des miroirs. L’ouverture est flanquée de deux colonnes corinthiennes au fût strié qui soutenaient à l’origine une frise et un fronton. Ces éléments avaient été recouverts quand des années après la construction de la porte, on reforma le portique.

Le plan du temple ne présente qu’une seule nef à deux sections, avec deux chapelles latérales ouvertes sur la deuxième section de la nef et un chevet polygonal, à cinq pans. Le choeur se trouve sur le mur ouest.
Le choeur est haut et possède un beau parapet en bois sculpté; la chapelle sous le choeur est couverte d’une voûte en croisée d’ogive, comme le reste  du temple.

Les voûtes, sont simples et réalisées entièrement en pierre, de même que les nervures. Celles-ci, finement moulées, sont regroupées en amas qui descendent sur un porte à faux décoré et sculpté dans la pierre. Toutes les clefs de voûte ont été sculpté de décoration végétale, sauf celle du presbytère, qui possède une inscription faisant allusion au nom du Christ: IHS.

Les chapelles, face à face, s’ouvrent sur la nef par des arcs en plein cintre convexes. Elles sont couvertes de simples voûtes en croisée d’ogive, dont les nervures descendent sur de beaux porte-à-faux.

Sur le mur ouest, se trouve une troisième chapelle couverte d’une voûte en berceau, qui forme la base de la tour. Bien qu’elle servait à l’origine pour les baptêmes, elle est aujourd’hui dédiée au Christ. Elle est éclairée par une ouverture en plein cintre. Au XVIIIe siècle, elle reçut sur ses murs et sa voûte, une décoration picturale de facture acceptable, sur laquelle sont représentés les douze apôtres.

Bien qu’on est pas retrouvé de références documentaires directes sur sa fabrication, les éléments épigraphiques trouvés sur les murs extérieurs du temple, confirme que l’auteur est Joan Torón, un maître d’église reconnu qui est associé à Antón Torón et Martín Torón desquels on a retrouvés des sources écrites sur quelques unes des meilleures œuvres de la seconde moitié du XVIe siècle dans le Somontano: Azlor, Naval (c. 1584), Abiego (1584), Colungo ou la chapelle Lunel de la Cathédrale de Barbastro (1609). À ces oeuvres il faut en ajouter d’autres qui furent réalisées hors de la comarque du Somontano, comme la splendide paroisse d’Olsón, dans le Sobrarbe.

De plus, Joan Tellet est l’un des constructeurs les plus intéressants du Haut Aragon du XVIe siècle. Il est appelé piedrapiquero et maestro de cantería et alquitratura. C’est un architecte de la renaissance, bon connaisseur de ce qui se faisait ailleurs, connaissances qu’il appliqua dans les églises qu’il dessina et réalisa. En 1546 il participa avec Torón à la construction de l’église de Santa Bárbara d’Olsón sur la porte de la sacristie de laquelle il écrivit JOAN TELLET ME FECIT 1546.

En 1566 il signa un contrat pour terminer les travaux de l’église de la Virgen de la Peña de Graus et pour réparer le pont de Santa Bárbara dans la même ville. Il dirigea aussi les travaux de l’église de Castejón de Sobrarbe, dans laquelle il grava JOAN TELLET ME YZO 1557. En 1562 il signa un contrat pour la construction d’un pont sur l’Alcanadre, contrat dans lequel Joan de Segura, un des meilleurs constructeurs de son époque est aussi inscrit, comme garant. En 1566 il négocia la construction de l’église de Gil. En 1570 il prit part à la construction des murs de contention de Biescas. En plus des travaux pour lesquels nous possédons des sources écrites, il dut en réaliser d’autres à Monzón et Sariñena, villes dans lesquels il aurait habité selon les documents cités antérieurement. En 1572 il habitait à Barbuñales, il apparaît d’ailleurs sur le contrat d’ampliation de la fontaine de ce lieu, mais peu de temps après il mourut, car en 1575 il était déjà mort.

La majeure partie des constructions auxquelles ces maîtres participèrent se caractérise par leur monumentalité, elles sont très grandes et le travail de la pierre est excellent. La qualité particulière des carrières où les pierres de taille furent extraites a donné à ces constructions l’aspect qui est toujours le même aujourd’hui.

Une fois l’oeuvre de Colungo finit, avant 1575, elle eut un grand impacte sur les villages voisins, de par sa grande qualité, elle fut alors imitée dans la construction de l’église de Salas Altas. Il semblerait que le Conseil de Salas Altas fut très impressionné par la qualité du temple modèle, auquel Joan Torón et Joan Tellet donnèrent un style que l’église de Salas Altas n’atteignit jamais.

À Colungo, le peu de lumière du aux reformes qui couvrirent les ouvertures, ainsi que l’usure importante de la pierre et l’état d’abandon dans laquelle elle se trouve, font qu’aujourd’hui dominent la détérioration et l’obscurité, impressions qui d’une certaine manière font ressortir la qualité supérieure de l’oeuvre des éminents maîtres d’oeuvre Torón et Tellet.

[1] BLÁZQUEZ HERRERO, C. y PALLARUELO CAMPO, S.: Maestros del agua. Ed. Gobierno de Aragón. Zaragoza, 1999. P. 636-638

 

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